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Chapitre 3

Principles d'une Science Structurale-Phénoménologique




La phénoménalité dont traite la science actuelle est structurale. A toute étape de son évolution, à commencer même par la révolution newtonienne du XVIIème siècle, la science n'a envisagé que des structures. Celles-ci sont inhérentes à l'univers. La matière profonde cependant, admise ici comme étant la matière-source d'univers, n'est pas une structure. Son aspect est celui d'une orthomatière, source d'énergie indéfinie et instructurée. Une structure apparaît lorsque, dans la matière, se constitue une certaine organisation, quand des éléments différents sont mis en relation dans l'espace et le temps, autrement dit dans un univers. Lorsque l'orthomatière acquiert une structure, celle-ci constitue tout de suite un univers ou une partie d'un univers. L'orthomatière peut être organisée par l'informatière, composante de la matière profonde où se produisent des phénomènes informationnels semblables à ceux de la pensée. Nous dirons ici que les processus informationnels de l'informatière sont phénoménologiques comme les phénomènes de transfert d'information prenant place dans les organismes vivants, et nous les désignerons sous le nom d'information profonde. Le phénomène fondamental de l'informatière (et donc de la matière profonde): "être", "exister", n'est pas une structure ou, tout au plus, est-ce une structure d'un type complètement différent de ce que la science actuelle entend par structure. La phénoménalité peut être structurale, phénoménologique et structurale-phénoménologique. Nous dirons ici que le caractère "phénoménal" réfère à n'importe quel type de phénomène, alors que le "phénoménologique" concerne seulement la sensibilité spécifique de l'informatière. L'information profonde n'est donc pas structurale, mais phénoménologique.

On sait bien à quoi réfère le structural; mais la question se pose de comment comprendre le phénoménologique. Qu'est-ce au fond? Définir le phénoménologique a été pour nous une nécessité inhérente à la philosophie orthophysique que nous avons présentée dans nos livres [1979 et 1985], en définissant un anneau du monde matériel. L'exemple prototypique de conscience phénoménologique utilisé dans ce travail est celui de la conscience mentale de l'homme dont celui-ci est conscient par introspection. Le mental n'ayant pas de dimension spatiale, on peut à bon droit supposer qu'il n'est pas structural au sens usuel du terme. Les phénomènes informationnels de l'informatière se font sur un autre mode que le mode structural usuel.

Il est cependant difficile, comme on le comprend aisément, de produire un modèle du comportement de l'informatière qui puisse expliquer comment se produit l'information, profonde ou non, à cause du caractère aspatial des processus phénoménologiques, et parce qu'ils ont lieu seulement au sein de l'informatière.

Ceci étant admis, on ne peut nier qu'intervienne dans ces processus un mode de comportement autre que le structural. Qui plus est, dans la matière profonde, plus exactement dans sa composante informatérielle, se produisent "en soi" de nouveaux phénomènes informationnels. Ceux-ci "informent" l'énergie profonde et, quand il y a couplage entre ces deux éléments (l'informatière et l'énergie profonde), alors peuvent apparaître des structures matérielles sous forme d'un univers, ou bien de parties d'un univers. Les lois d'un univers physique reposent sur un jeu de phénomènes informationnels stables, fixés par leur couplage avec l'énergie profonde. Ce jeu de phénomènes informationnels qui détermine les lois physiques d'un univers est-il une structure? L'univers physique engendré est sûrement une structure spatiale, mais cette structure se fonde sur des phénomènes informationnels qui, eux, ne sont pas de nature spatiale, et qui déterminent l'espace et la matière sous forme de particules élémentaires. N'étant pas situés dans l'espace, ces phénomènes informationnels se trouvent dans une situation spéciale, ils sont impliqués dans la matière profonde, pour utiliser l'image introduite par David Böhm [1987]. De ce point de vue, il est difficile de savoir si les phénomènes informationnels sont une structure eux-mêmes, quoiqu'ils en engendrent une. D'autre part, justement parce qu'ils engendrent une structure, ils apparaissent aussi comme structure de substrat qui introduit l'ordre dans la matière profonde, déterminant par conséquent un univers physique. Bien que chaque phénomène informationnel isolé ne soit pas une structure, l'ensemble des phénomènes informationnels peut, dans certains cas, constituer une structure.

La structure peut se composer soit d'éléments structuraux, soit d'éléments phénoménologiques, à condition que ces derniers soient "fixés" en une structure typique d'un univers physique. L'aspect structural peut donc être soit structural usuel, soit structural-phénoménologique. Dans ce dernier cas, pour qu'il se maintienne et se transforme en structural usuel, il faut qu'il y ait couplage avec l'énergie profonde, sinon ce qui commence à prendre l'aspect d'un structural composé d'éléments phénoménologiques finira par disparaître dans les processus fluctuants de l'informatière.
Les considérations ci-dessus montrent bien pourquoi le fait de passer de la science structurale, telle qu'elle est de nos jours, à une science structurale-phénoménologique pose un difficile problème.

Dans ce qui suit, seront exposés une série de principes généraux d'une telle science structurale-phénoménologique. Nous ne prétendons pas les épuiser, ni même qu'ils constituent quelque chose de plus qu'un débutde développement concret de cette science.

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